Avenir du travail : quelles innovations ?
Plusieurs thèmes ont été retenus pour la table ronde que j'ai présidée lors des 9èmes Rencontres pour la santé au travail organisées cette semaine et ils ont appelé de ma part quelques réflexions :
Le travail influe sur la vie de chacun et sur la collectivité, c’est une évidence. Il est en effet en lien avec nombre de sujets importants pour notre société et notre modèle social : maintien en emploi, handicap, maladies chroniques, indemnités journalières, qualité de vie au travail, retraites, harcèlement, addictions, prévention des accidents et des maladies professionnelles, pénibilité et équilibres de nos comptes sociaux...
A ce titre, de plus en plus d’entreprises, conscientes de leurs responsabilités sociale et économique, agissent en faveur de la santé au travail. Les dépenses de santé au travail doivent être regardées comme des investissements d’avenir !
Au cœur des préoccupations, la santé est un bien précieux pour chacun, un levier de performance des entreprises, un facteur de motivation et un vecteur de réussite pour le salarié.
Nous nous accordons tous à dire que la prévention est le moyen à privilégier pour construire et protéger la santé. Mais les modalités de cette prévention doivent coller aux usages d’aujourd’hui, aux nouvelles formes de travail. L’auto entreprenariat, le télétravail sont par exemple en plein essor... Le CDI à vie devient un concept du passé pour les jeunes générations. Le morcellement des parcours professionnels demande à organiser le suivi de l’état de santé des salariés avec des moyens informatiques nouveaux plus performants.
Le développement de la culture de prévention doit donc faire appel à l’innovation.
Faire progresser la prévention en santé au travail suppose notamment de sortir d’une approche uniquement centrée sur le respect du code du travail. Il convient de trouver des modalités qui ont du sens pour les acteurs de l’entreprise, et qui renvoient directement à leur propre intérêt. Car in fine, ce sont les salariés et les chefs d’entreprise, par leur conscience des risques et par leurs actions, qui construisent ou protègent la santé au travail.
Dès lors, les innovations peuvent être organisationnelles, managériales ou technologiques, comme nous allons le voir.
Et parce que le déterminant est le travail, le dialogue social a toute sa place pour accompagner ces évolutions. Il peut être un facteur de diffusion et d’appropriation en matière de bonnes pratiques liées à la prévention.
Aujourd’hui la gouvernance du système de santé au travail fait une large place aux partenaires sociaux. Le nombre de mandataires impliqués dans les Services de Santé au travail, dans les Carsat, les Aract, est important, ce qui constitue autant de relais potentiels. Cependant, les questions de leur formation à leur mandat et de la cohérence de leurs actions sont posées. Le dialogue social doit être guidé par un pilotage de l’Etat qui comporte aujourd’hui des lacunes.