A l’issue de l’examen en première lecture du projet de loi de finances, force est de constater que les moyens alloués au sport continuent de baisser. Si l’on additionne les crédits prévus au budget de l’Etat avec les moyens du centre national pour le développement du sport (CNDS), la pente est descendante depuis deux ans : entre 2017 et 2019, le budget a baissé de 17%.
S’agissant du financement du sport pour le plus grand nombre, les restrictions budgétaires portent en particulier sur les aides en faveur des territoires, du fait de la forte diminution de la part territoriale du CNDS en 2018. Cela s’est traduit par une baisse de 50% des subventions à la base du sport sur l’ensemble du territoire.
Cette coupe sèche s’est ajoutée à une série de mesures gouvernementales qui ont fragilisé les associations en général et sportives en particulier.
- Tout d’abord les contrats aidés, dont un tiers bénéficie au secteur associatif, ont été divisés par 3 en deux ans. La voilure du dispositif est ainsi réduite à 100 000 contrats pour 2019.
- Ensuite, la disparition de la «réserve parlementaire », qui représentait un montant de subvention estimé à 51M€ répartis sur l’ensemble du territoire, n’a pas été compensée par un dispositif équivalent. Le Fonds pour le Développement de la Vie Associative (FDVA) n’est crédité que de 25M€ au titre de sa nouvelle mission de financement des associations. En outre, le financement des associations sportives par ce biais n’est possible que depuis la parution du décret du 8 juin 2018 : autant dire que l’année 2018 aura été une année blanche !
L’ensemble de ces signaux négatifs ne peut que provoquer le découragement des bénévoles engagés dans le Mouvement sportif et qui ont l’impression que les Jeux Olympiques de Paris 2024 ne pourront se faire qu’au détriment du sport pour tous.
Et le budget 2019 ne peut que les conforter en ce sens puisque le Gouvernement s’est livré à des exercices de tripatouillage budgétaire pour dégager 20M€ en faveur de la montée en charge des dépenses relatives à la préparation des Jeux.
Le Gouvernement doit désormais agir pour prouver son attachement au sport pour tous.
De ce point de vue, le lancement de la nouvelle Agence unique en 2019 sera décisif. En séance publique, la Ministre a assuré à la représentation nationale que cette agence bénéficierait d’un budget de 350M€ dont 196M€ au développement du sport pour tous et 90M€ au sport de haut niveau.
Je serai particulièrement attentif aux modalités de gouvernance et de financement de cette nouvelle Agence qui doit permettre à la fois de fluidifier les liens entre les acteurs et de faciliter leurs accès aux subventions.
Enfin, les débats budgétaires n’ont pas permis, à ce stade, de clarifier le devenir des conseillers techniques et sportifs (CTS). Si le Gouvernement a renoncé à la suppression de 1 600 postes, la question de leur futur mode de gestion reste entière. Or, les CTS sont chargés de détecter et d’accompagner les sportifs de haut niveau. Réduire leur nombre peut avoir des conséquences importantes pour les fédérations, qui n’ont pas toutes les moyens de financer ces compétences. Aussi, le moment semble particulièrement mal choisi de réduire l’accompagnement des jeunes qui seront en équipe de France lors des Jeux de Paris 2024.