En effet, le bilan du quinquennat en matière de retraites présente tous les défauts : baisse de pouvoir d’achat des actifs et des retraités, baisse de compétitivité de nos entreprises sous le poids des hausses de cotisations, et absence de réformes structurelles susceptibles de garantir la pérennité du système. Tous les Français payent déjà la note d’une politique qui manque de courage et de vision.
Les salariés d’abord, dont les cotisations continuent d’augmenter au titre de la réforme des retraites de 2014 et pour financer le retour de la retraite à 60 ans pour les carrières longues.
Les entreprises ensuite, qui devront payer, d’ici 2020, 2,2 milliards de cotisations supplémentaires et 500 millions au titre de la pénibilité... Alors même que le compte pénibilité est sous-financé et que l’on ne connaît pas l’addition finale.
Les retraités enfin, durement touchés par la fiscalisation des majorations de pensions pour trois enfants, ainsi que par le report de l’indexation des pensions au 1er octobre et s’ajoutent à ces mesures des effets conjoncturels qui mènent au gel des pensions compte tenu d’une faible inflation.
Quand la majorité vote des avancées, ce n’est que pour corriger ses propres erreurs. En effet, l’Assemblée nationale vient d’adopter dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale un amendement bienvenu qui augmente de 500 000 le nombre de retraités qui bénéficient du taux 0 et du taux réduit de CSG, et cela ne vient que contrebalancer le choix du Gouvernement d’avoir fait basculer de trop nombreux retraités parmi les Français assujettis à la CSG et la CRDS en modifiant les critères d’application des contributions sociales sur les pensions.
Les Français ont raison de s’inquiéter du financement de notre système de retraite par répartition. Contrairement à ce que proclame la Ministre des Affaires sociales et de la Santé, Madame Marisol TOURAINE, ce Gouvernement n’aura pas sauvé la Sécurité sociale.
La Ministre annonce un régime « quasiment à l’équilibre » en 2017 avec un déficit de seulement 400 millions d’euros sur un budget total de 500 milliards d’euros. Quand bien même ces promesses seraient tenues, elle oublie opportunément de compter la prévision de déficit de 3,8 milliards d’euros du Fonds solidarité vieillesse (FSV) qui verse notamment le minimum vieillesse et compense les cotisations retraite des chômeurs.
En réalité le déficit global de la Sécurité sociale devrait donc atteindre 4,2 milliards d’euros en 2017, son meilleur chiffre depuis 2001, certes, mais encore loin de l’équilibre alors que la Cour des Comptes met en garde contre le risque de rechute des comptes de la branche vieillesse d’ici 10 ans.
Ces menaces planent sur un système qui pâtit d’un sentiment d’iniquité de la part de trop nombreux assurés. Sont ainsi souvent mentionnés les privilèges des agents des régimes spéciaux qui coûtent cher au contribuable (près de 4 milliards d’euros sont prévus en 2017 rien que pour celui de la SNCF). La réversion et le calcul du salaire de référence cristallisent également les tensions.
C’est pourquoi il sera indispensable, le moment venu, de présenter une réforme pouvant traiter de manière juste et globale les différentes mesures d’harmonisation qui s’imposent. Pour garantir une plus grande équité entre tous les assurés, il convient de remettre le système à plat et de renforcer la cohésion nationale en définissant des règles transposables dans tous les régimes.
Bernard PERRUT s’engage sur ce sujet et il ne manque pas une occasion de rappeler son attachement aux valeurs d’équité et de justice qui doivent prévaloir dans toute réforme sociale.