Présentée comme une véritable rupture technologique, la 5G, propose non seulement un supplément de services pour les consommateurs finaux, mais aussi d’accélérer prodigieusement le développement d’usages industriels, au croisement de l’intelligence artificielle et de l’hyper connectivité. L’arrivée de la 5G permet : l’accès aux réseaux avec un débit suffisant pour une grande quantité d’objets connectés (individuels, domotiques ou industriels) ; de palier les trop longs délais de latence pour des services ; de prévenir l’engorgement des réseaux face à la massification des usages mobiles.
Si pour ces raisons, il faut accueillir avec enthousiasme l’arrivée à maturité technologique de ce nouveau standard, il n’en est pas moins indispensable de s’assurer que l’ensemble des conditions nécessaires à son déploiement soit rempli. Le développement de la 5G n’est pas exempt de risques et il en va de notre responsabilité de les prévenir avec justesse.
A ce titre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire note, par exemple, un manque de données statistiques sur les effets sanitaires de l’exposition à certaines fréquences utilisées par la 5G. Ces risques accrus font peser des exigences nouvelles de sécurité sanitaire sur les équipements qui supporteront les futurs réseaux 5G, relatives tant à leurs caractéristiques techniques intrinsèques, qu’aux obligations morales de devoir connaitre les impacts sur la santé de leur utilisation.
Avec la multiplication des antennes, qu’en sera‑t‑il également de la question environnementale, l’impact de la consommation énergétique de la 5G et l’empreinte carbone induite par les émissions ? Le tout récent rapport de l'indépendant Haut Conseil pour le climat considère comme vraisemblable, qu'avec les nouveaux usages rendus possibles par la 5G, l'impact carbone du numérique se dégrade « significativement », alors même qu’en France, déjà 81 % de l’empreinte carbone du numérique provient des terminaux téléphoniques. C’est sans compter l’augmentation de la consommation d’électricité à prévoir par l’utilisation d’équipements.
Au nom de principe de précaution, je regrette que le déploiement de la 5G se fasse sans étude d'impact sanitaire et environnemental.
Enfin, alors que la couverture numérique est encore fortement inégale sur certains territoires, allant de zones de montagne à certaines périphéries de grandes agglomérations, le développement de la 5G doit aussi répondre à des exigences dans son déploiement géographique. A mesure que les usages technologiques grandissent, nous ne pouvons admettre que la fracture numérique perdure, provoquant irrémédiablement un sentiment d’exclusion. De plus, avec la 5G, les ondes millimétriques étant de courte portée, il ne faudra pas moins de dix antennes nouvelle génération pour couvrir le territoire d’une seule antenne 4G : comment s’assurer que les territoires ruraux ne seront pas les oubliés de cette technologie ? comment ne pas défigurer nos paysages ?
Cet enjeu concerne non seulement les habitants de nos territoires, mais aussi nos acteurs économiques, tant les entreprises sont aujourd’hui dépendantes des nouvelles technologies de l’information et de la communication. C’est ici un impératif de cohésion nationale.
Pour l’ensemble de ces raisons, et face aux interrogations légitimes des Français, j’ai proposé la création d’une commission d’enquête sur le déploiement de la 5G, étape indispensable au développement serein de cette nouvelle technologie, nous permettant de faire toute la lumière sur l’ensemble des conséquences de son arrivée en France. Si la 5G est un atout pour l’avenir, il exige toutefois la transparence pour susciter l’adhésion.